PARIS-LOUXOR rencontre les élus. Maire (PS) du 10e arrondissement de Paris, depuis 2008, Rémi Féraud évoque les grands chantiers de son arrondissement et particulièrement le Louxor, dernier grand projet culturel de la seconde mandature de Bertrand Delanoë. Pour l’édile, le renouveau du 10e passe notamment par le développement de l’offre culturelle auquel la population doit être activement associée.
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Quelle est selon vous la place que doit occuper la culture dans un projet de gouvernance ?
Il n’y pas de projet politique sans culture, même si le terme peut avoir une acception large. Il est d’ailleurs rare que les grandes victoires et les grands événements politiques soient déconnectés d’un grand élan culturel. Pour la gauche française, il n’y a pas de mai 1981 sans engagements culturels et artistiques forts. Nicolas Sarkozy a lui beaucoup méprisé la culture, l’affaire de La Princesse de Clèves [1] en a été l’illustration presque caricaturale. D’une certaine manière, son projet, y compris dans sa dénonciation d’une certaine culture, a une dimension culturelle lui-même. La gauche d’aujourd’hui s’est parfois trop technocratisée, mais j’ai pu constater lors des primaires qu’un certain nombre d’artistes s’engageaient. Ce qui est un signe encourageant et indispensable pour qu’il y ait une victoire et un changement. Il n’y a pas de gauche sans volonté de changement… on voit d’ailleurs, et peut être davantage dans le cinéma, comment les questions politiques reviennent au premier plan aujourd’hui.
La culture est souvent le parent pauvre des programmes politiques…
C’est dû également au fait que l’on est dans une période budgétaire complexe. Nous sommes en période de crise et cela touche tous les domaines. Mais je crois que la question de la place de la culture ne peut être posée uniquement sous un angle budgétaire même si c’est un élément important.
Il ne peut y avoir de projet de gauche sans une dimension culturelle, à la fois pour souder, fédérer une société, réfléchir sur elle-même, la faire avancer, lui permettre de porter des valeurs, d’interroger le monde et de se poser des questions. Cela nécessite un soutien à la création artistique, un soutien aux artistes, aux intermittents du spectacle. Dans une ville comme Paris, qui est chère en terme de foncier et d’immobilier, la question de la place pour la création artistique continue de se poser. Mais c’est aussi la considération que l’on accorde à la culture. Et là-dessus, la différence entre la gauche et la droite d’aujourd’hui est vraiment patente.
Pouvez-vous nous parler plus précisément de la place et du rôle de la culture dans le 10e arrondissement ?
On est dans une ville extrêmement privilégiée en matière d’offres culturelles, mais ce n’est pas pour ça que tous les Parisiens ont accès à la culture, ni qu’ils cherchent d’eux-mêmes à y avoir accès. Il faut du volontarisme et aller à leur rencontre. Historiquement, le 10e est un arrondissement de théâtres, mais leur situation est parfois fragile. Je pense par exemple au Bouffes du Nord, où il suffit que [le metteur en scène anglais, ndlr] Peter Brook s’en aille pour qu’une grande partie des financements de l’Etat soit remise en question. Or c’est une institution précieuse.
Nous sommes dans un arrondissement où il y a beaucoup de lieux culturels, de diverses dimensions. Nous avons des bibliothèques et bientôt une médiathèque. La médiathèque Saint Lazare est la seule nouvelle médiathèque lancée dans cette mandature et elle ouvrira dans le 10e. Ce qui montre notamment que l’effort de la ville de Paris en matière culturelle s’effectue aussi bien sur de grands investissements que sur des équipements de proximité.
Pouvez-vous nous donner des exemples de projets et de lieux représentatifs de la politique culturelle du 10e arrondissement ?
Le 10e est par exemple un arrondissement où la photographie a une place importante avec les Rencontres photographiques du 10e [2]. Si la photographie est autant présente dans l’arrondissement, c’est parce qu’il existe beaucoup de lieux volontaires, de photographes et de lieux dédiés à la photographie. C’est également un arrondissement où il existe encore des ateliers, notamment d’artisanat d’art, je pense au travail du lithographe René Tazé, par exemple, ou encore au musée de l’Eventail. Et puis, l’un des grands succès de la politique municipale, c’est l’installation du Point éphémère. Ce lieu favorise la création, que ce soit pour la musique, les arts plastiques ou la danse, en privilégiant un accès à la culture des 15-30 ans. Avec un véritable rayonnement puisque le public vient de tout Paris et de sa région. L’ouverture d’un lieu comme l’Alhambra propose des spectacles de qualité et populaires. Le Printemps des rues, le plus grand spectacle de rue parisien, se déroule chaque année sur le canal Saint-Martin. Le développement de cette offre culturelle est au cœur du renouveau du 10e arrondissement depuis quinze ans.
Quand on est un élu de gauche, l’accès à la culture pour tous est inhérent à notre action publique. Avec Alexandra Cordebard, ma première adjointe, en charge notamment de la culture, nous avons souhaité que cette dimension soit prise en compte dans l’ensemble de l’action municipale.
Un exemple ?
Je pense par exemple à la modernisation du foyer Emmaüs dans le cadre de sa réouverture, rue Louvel-Tessier. Cette structure comporte une dimension culturelle à la fois pour les personnes hébergées, pour le quartier et ses habitants. Il y a là quelque chose d’innovant que nous avons souhaité encourager. Il y a au moins une fois par mois en mairie des interventions artistiques. Nous ne sommes pas dans la multiplication des manifestations, mais plutôt dans une réflexion engageant à la fois la qualité mais aussi un apport au débat citoyen.
Vous organisez régulièrement des rencontres avec la population… c’est une approche, un mode d’échange qui vous semble important dans la prise de décision ?
Nous ne menons aucun projet sans une longue et intense concertation, ce qui ne veut évidemment pas dire que le dernier qui a parlé a naturellement raison. C’est le cas de tous les projets que nous menons. D’abord cela permet d’éviter de faire des erreurs, cela permet de réellement associer les habitants à la vie de leur arrondissement et de leur ville. Ce n’est jamais facile mais il y a une vraie demande. Quand les projets intéressent, les habitants participent vraiment. Soit, cela représente 5 % de la population mais c‘est une démarche importante. Y compris parce que ces questions sont portées et diffusées par les habitants eux-mêmes. C’est vrai que depuis que je suis maire du 10e arrondissement, les deux projets qui ont le plus mobilisé de monde sont le Louxor et le projet de réaménagement de la place de la République. Ce sont deux sujets éloignés tant par leur nature que par leur situation géographique, aux extrêmités de l’arrondissement. Le Louxor est un projet culturel d’ampleur qui concerne tout le quartier et son avenir. Pour ce qui est de la place de la République, c’est un bouleversement de l’espace public et évidemment cette question concerne chacun.
Vous avez des exemples de l’intégration de remarques d’habitants dans le cadre de vos prises de décision…
Sur la place de la République, le fait de créer une vaste esplanade de manière à ce que les Parisiens bénéficient d’un lieu qu’ils puissent s’approprier. Que ce soit un lieu modulable dans son usage ou d’avoir un espace piéton qui supprime les déplacements circulaires autour de la place et qui soit plutôt rattaché au nord. Ces approches là étaient très fortes dans la concertation préalable à la rédaction du cahier des charges dans le cadre l’appel à projet et l’agence retenue est celle qui a le mieux intégré et compris les attentes de la concertation.
Sur le Louxor, le fait que le projet intègre le cinéma du sud, sans en faire une exclusivité, tout en ayant une approche du sud large, allant de l’Amérique latine à l’Asie, était une demande qui a été portée dans la concertation. Tout comme celui de faire le maximum de ce qui était possible en terme de conservation du patrimoine ou comme la mise en place d’une palissade mettant en valeur le projet, ces exemples sont les fruits de la concertation.
Il est donc important pour vous d’intervenir en amont…
Oui. Toutefois, ceux qui viennent après les travaux pour dire que certaines choses ne conviennent passent à côté du principe de démocratie locale.
« Un arrondissement aussi souvent filmé et fréquenté par le monde du cinéma méritait d’avoir un cinéma comme le Louxor ! »
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On retrouve souvent le 10e arrondissement dans le cinéma, le carrefour Barbès, le Canal Saint-Martin…
Oui, et pourtant ce n’est pas un arrondissement de cinéma et le Louxor va représenter un progrès. En même temps, c’est l’arrondissement d’Hôtel du Nord, du Fabuleux destin d’Amélie Poulain, le 10e et le 18e. Beaucoup de gens sont revenus voir le Canal Saint-Martin parce qu’Amélie Poulain y a fait des ricochets. Le 10e est un quartier de décor de cinéma, y compris avec son paysage ferroviaire… [3] il y a d’ailleurs de plus en plus de tournages dans l’arrondissement. Même si parfois cela créé quelques nuisances, c’est toujours un motif de fierté pour les habitants de retrouver leurs lieux de vie. Le Faubourg Saint-Denis est souvent sollicité pour des tournages. Par ailleurs, il y a beaucoup de cinéastes dans le 10e. Un arrondissement aussi souvent filmé et fréquenté par le monde du cinéma méritait d’avoir un cinéma comme le Louxor !
Justement, parlons du Louxor, pour mémoire, Il y a eu jusqu’à vingt-sept salles de cinéma dans le 10e arrondissement, aujourd’hui on en dénombre plus que deux, l’Archipel et le Brady et bientôt le Louxor. C’est une salle mythique et un projet emblématique, car il est à la fois patrimonial, urbanistique, culturel… social… quel est le sentiment du maire du 10e arrondissement notamment dans son articulation avec le quartier et la population.
C’est une opportunité de récréer un cinéma, c’est à la fois la démonstration d’un volontarisme politique, c’est 25 millions d’euros (29 M€, ndlr) d’investissement, c’est une chance que d’avoir fait renaître ce lieu muré depuis longtemps. C’est la conjonction d’une opportunité et d’une volonté politique. Pour le quartier Barbès qui couvre trois arrondissements, 9e, 10e, 18e, c’est un quartier très attachant et très riche culturellement, c’est aussi un quartier difficile. Le Louxor est une chance exceptionnelle et tout le monde le voit ainsi, il est situé au carrefour et au cœur du quartier. Ça n’est pas un équipement isolé, il est proche du Centre Barbara et la question du changement de la physionomie urbaine est également un élément important dans le cadre de la réintroduction du cinéma dans le quartier. On en attend beaucoup dans un quartier qui souffre de difficultés sociales liées à l’exclusion, à la pauvreté, on en attend beaucoup non pas pour entreprendre une transformation sociologique du quartier mais pour lui donner un second souffle, je pense que le Louxor sera une fierté, il sera le coeur du quartier. Il permettra aussi de faire venir des gens de l’extérieur pour une pratique et un échange culturel. Le nom même du Louxor a quelque chose qui participe du mythe, personne n’a d’ailleurs jamais envisagé d’en changer le nom, ce lieu a une âme. Je ne l’ai pas connu avant mais je pense que Barbès a beaucoup souffert de la fermeture du Louxor.
Vous pensez qu’il aurait pu être détruit ?
A mon avis il ne serait pas resté des décennies et des décennies fermé sans finir par être détruit. La revendication d’une conservation maximum du patrimoine y compris d’un patrimoine non classé aurait entraîné l’absence de lieu culturel, il y a là un compromis. Celui d’une valorisation du patrimoine et la perspective d’un lieu vivant.
[PARTICIPEZ] Une question d’un habitant adressée par courrier électronique. Jean-Pierre M.
Le Louxor en particulier et la culture en général, peuvent-ils être des remèdes aux divers problèmes du carrefour Barbès ?
Je ne poserais pas les problématiques de cette manière-là. Il faut donner à ce quartier des éléments de dynamique positive. Oui, ce sera un élément de dynamique positive pour le quartier, en revanche, je ne pense pas qu’il faille le présenter comme un remède, la culture n’est pas là pour chasser la misère. Mais elle apportera une identité supplémentaire qui manque au quartier. La présence même d’un cinéma ne réglera pas les problèmes d’insécurité ou d’incivilité qui n’ont pas encore été résolus. Ce qui ne nous empêchera pas de devoir continuer à nous y attaquer et de demander, nous, les élus, à la préfecture de police de s’y attaquer vraiment.
L’exploitant sera désigné en septembre 2012 par la ville de Paris, vous allez participer au choix ? Quelles sont vos attentes ?
Oui, mais je pense que les élus doivent d’abord être associés au cahier des charges. De ce point de vue là, nous avons été impliqués et avons organisé une réunion de concertation à laquelle vous avez d’ailleurs participé en mairie. Je l’ai trouvée finalement très consensuelle, notamment parce que la plupart des “revendications” avaient été déjà prises en compte.
Vous avez des attentes particulières en tant qu’habitant ?
J’irai au Louxor, d’une part parce que ce sera pour moi un cinéma de « proximité » comme habitant du 10e et d’un point de vue cinématographique, quand on voit aujourd’hui la qualité et la créativité du cinéma iranien, coréen, israélien, indien, je pense qu’il y a une véritable envie de ce qu’on appelle “cinéma du sud”. J’espère que ce sera un lieu vivant permettant l’échange et la discussion, au-delà même de la projection des films. Il y aura un café-club, cela paraît être un détail mais c’est important pour la convivialité et la rencontre. Tout dépendra du savoir-faire du gestionnaire du lieu. Il conviendra de mettre le Louxor en dynamique cohérente avec son environnement, il ne faut pas que ce soit juste un complexe de trois salles. Je suis assez optimiste là-dessus car je pense que les candidats seront assez nombreux, ce qui aura pour avantage de réaliser un vrai choix.
J’espère que tout sera mis en place en terme d’accessibilité au lieu, il faudra lui donner toutes ses chances et bien le mettre en valeur, de manière qu’il y ait, aussi, un public en provenance de tout Paris. Le Louxor est associé à l’image de Barbès, il contribuera à lui redonner de l’éclat.
C’est assez inédit d’intervenir en amont de l’ouverture, de mener des activités avec les habitants…
Oui, c’est inédit et important. Comme Maire du 10e, je considère que le Louxor est à la fois une fierté et une nécessité. Je suis très heureux que le 10e bénéficie d’un des grands équipements culturels qui auront marqué les deux mandats de Bertrand Delanoë. La ville de Paris fait du bon travail, auquel l’architecte et les associations participent. Cet ensemble permet tout au long des travaux de donner envie du Louxor. L’émission des Racines et des ailes y a consacré un reportage, les articles parus dans la presse, tout ceci est très valorisant pour le travail effectué par l’ensemble des acteurs de ce dossier.
Que pensez-vous de l’idée de créer des ponts, d’étroites relations, y compris en terme de programmation avec d’autres équipements culturels, afin de penser une meilleure circulation des œuvres et des publics, comme le fait par exemple aujourd’hui le 104 ?
Je pense qu’il faudra en effet que le Louxor s’inscrive dans un réseau, dans des dynamiques partagées y compris dans un travail plus large sur le public et la programmation. Le cinéma peut amener à un autre art, et vice versa. Cela me paraît en effet aujourd’hui assez indispensable, d’autant que le public a une volonté permanente de diversité et de changement. Il y aura, pourquoi pas, un travail avec les médiathèques, les théâtres. Le cinéma est ouvert, il a notamment des échanges forts avec la littérature, le spectacle vivant. Il est important que le Louxor ne soit pas un lieu isolé dans son quartier.
Le Louxor devra également s’intéresser à l’éducation à l’image en permettant un accès aux jeunes publics.
La question de l’enfance et de la jeunesse est importante. Je pense également qu’en terme de tarifs, d’abonnements, il faut qu’il soit permis à tous d’accéder à la culture. Je ne suis pas un spécialiste mais on constate depuis quelques années que la chute de la fréquentation des cinémas s’est arrêtée et qu’elle progresse même à nouveau.
Pour 2011, on atteint le niveau de 1966 avec 215 millions d’entrées…
Et tout cela avec un prix du billet qui peut paraître prohibitif. Ce qui montre qu’avec le développement des autres formes d’accès aux films, l’envie de partager, d’être ensemble et de se retrouver dans une ambiance et un lieu collectif reste forte. Même avec un Home cinema, on ne retrouve pas la sensation que procure la salle !
Mais une politique tarifaire ne peut à elle seule permettre un accès à la culture. Il est important qu’il y ait des initiatives et un accompagnement des associations, des centres sociaux etc., il y a un véritable travail à entreprendre autour du cinéma. Sinon, quel que soit le tarif, le public ne sera pas forcément au rendez-vous.
Il y a peu de désaccords sur le Louxor, ce n’est pas un dossier clivant ?
Action Barbès a des réserves sur l’aspect patrimonial de la réhabilitation. Mais tous les habitants que je rencontre me disent être favorables au projet. Il y a bien un élu d’opposition qui reproche le coût du Louxor, selon lui, la collectivité publique n’a pas à se mêler de culture. Il est vrai que la somme allouée à ce projet est importante et en même temps pour faire revivre le Louxor, les travaux nécessaires à sa reprise coûtent cher, c’est une réalité. Bertrand Delanoë a choisi d’investir dans les quartiers populaires, c’est même la cause de notre action municipale. La médiathèque Saint-Lazare ouvrira ses portes en 2014, le 10e arrondissement aura deux nouveaux pôles culturels importants. Il y a une réelle attente de la part des habitants, et c’est important que tous puissent avoir accès à ces équipements de proximité.
Quels sont vos premiers souvenirs marquant de cinéma ? Vous allez souvent au cinéma ?
Je suis originaire de Versailles, j’allais enfant au Cyrano (salle de cinéma, ndrl). J’y allais avec mes parents, ma grand-mère. Je n’étais pas un adolescent très féru de cinéma mais ensuite j’y suis allé plus régulièrement lorsque j’étais étudiant avec des amis beaucoup plus cinéphiles. J’ai gardé toutefois le souvenir de films très anciens comme la Guerre du feu, Les dieux sont tombés sur la tête, ce dernier m’a beaucoup marqué d’autant que je suis allé en Namibie et que j’y ai rencontré des Bushmen. Je ne vais pas au cinéma aussi souvent que je l’aimerais, la politique prend beaucoup de temps et il est difficile de trouver des moments de liberté pour y aller. Je rattrape parfois des films manqués au cinéma en les téléchargeant, légalement. C’est une question de temps, parfois la politique peut être envahissante…
Elle est d’ailleurs de plus en plus présente dans les films… L’Exercice de l’Etat, Pater, Le Nom des gens…
Le Nom des gens, je n’ai pas vraiment accroché…
On peut dire qu’il pousse les limites de l’engagement politique…!
Oui (rires), d’une manière à laquelle je n’ai pas été personnellement sensible… J’ai trouvé par contre La Conquête (film sur l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, ndlr) très convaincant.
Même si je préfère le cinéma français, j’ai beaucoup aimé également le film iranien Une séparation, un film que l’on aurait aimé voir au Louxor. C’est un film que l’on doit pouvoir voir trois ou quatre fois, il donne des clés de lecture différentes à chaque fois. C’est une des caractéristiques de la culture, le cinéma a une dimension universelle, on a beau être dans un société qui n’a rien à voir avec la nôtre, on peut se reconnaître, partager les sentiments des personnages, s’approprier les différents points de vue, il y a une grande subtilité dans ce film. Le dernier film que j’ai vu est L’Exercice de l’Etat ; il renvoie aussi à la politique, c’est un excellent film. Il aborde la question de la solitude et de la violence en politique.
Cela ne donne pas très envie de rejoindre un cabinet ministériel ou d’être ministre…
Oui, le film, en tout cas, ne donne pas envie d’être ministre.
Vous parlez du film… on en reparlera ! Le directeur de cabinet joué par Michel Blanc a une place importante dans cet exercice du pouvoir…
Oui mais dans ce film, c’est le ministre qui est dans la situation la plus complexe. Ces questions de la solitude et de la violence, ce sont deux dimensions que j’ai toujours essayé d’éviter en politique et j’espère jusqu’à présent y avoir réussi. J’ai été impressionné par la prestation de Michel Blanc, c’est un acteur qui gagne en intensité au fil des films.
J’ai vu un film remarquable et bouleversant adapté du roman Elle s’appelait Sarah [4]. C’est histoire à la croisée de deux époques, entre aujourd’hui et les années sombres de la Seconde Guerre mondiale. Ce film rappelle aussi que les lieux ont une mémoire.
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Prochainement, rencontre avec Daniel Vaillant, maire du 18e arrondissement de Paris.
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Le Portrait de Rémi Féraud a été réalisé par Frédéric Poletti. Frédéric Poletti est photographe, il vit et travaille à Paris 18ème . Son travail pour les Cahiers du Cinéma “Photographe aux Cahiers du Cinéma” a été exposé à l’Institut Français de Prague, à l’Institut Français de Kiev et aux Transphotographiques de Lille. Il collabore aujourd’hui avec la presse internationale, la mode et la publicité .
Merci à Fatima Souab.
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[1] En 2006, à Lyon, déclaration de Nicolas Sarkozy, candidat à l’élection présidentielle : « L’autre jour, je m’amusais, on s’amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d’attaché d’administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d’interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu’elle pensait de La Princesse de Clèves… Imaginez un peu le spectacle ! »
[2] A l’initiative de la bibliothèque Château-d’eau. La bibliothèque municipale parisienne spécialisée dans la photo.
[3] Martin Scorsese « Pour Hugo Cabret, je me suis inspiré à 80 % de la Gare du Nord », entretien avec F. Forestier. Le Nouvel Observateur, 14 décembre 2011.
[4] Elle s’appelait Sarah de Tatiana de Rosnay (2007), éditions Héloïse d’Ormesson.
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