À 14 MILLIONS DE LIEUES DE LA TERRE (1918). Exclusif


Extrait d’1’32″.

A 14 millions de lieues de la Terre
(Himmelskibet) de Holger-Madsen

Avec Gunnar Tolnaes (Avanti Planetaros), Nicolai Neiiendam (Professeur Planetaros), Lilly Jacobsson (Marya, la fille du chef des Martiens), Philip Bech (le chef des Martiens)…
1918 / Danemark / 1h21. Sortie au Danemark le 22 février 1918.

Le 6 octobre 1921, À quatorze millions de lieues de la terre, un film danois de Holger-Madsen (1878-1943), réalisé durant la Première Guerre mondiale, est projeté lors de l’inauguration du Louxor [1]. Connu sous différents titres, 400 Million Miles From Earth ou A Trip to Mars (États-Unis), Der Himmelschiff, (Allemagne) et l’original Himmelskibet (littéralement Le vaisseau du ciel), il fut présenté, en France, à la profession le soir du 29 août 1921 au Palais de la Mutualité [2].

À quatorze millions de lieues de la Terre (Himmelskibet) (1918)

Résolument pacifiste, ce film a été réalisé trois ans après le début du premier conflit mondial, alors que le Danemark défend sa neutralité, revendiquée par le roi Christian X. Himmelskibet raconte l’histoire du capitaine Avanti Planetaros (Gunnar Tolnæs), pris de passion pour l’aviation et qui, encouragé par son père astronome le professeur Planetaros (Nicolai Neiiendam) malgré les moqueries du monde scientifique, demande à son ami le Dr. Krafft (Alf Blutecher) de construire un engin capable de voyager jusqu’à Mars. Deux ans plus tard, le vaisseau nommé Excelsior est terminé et Avanti annonce qu’il a découvert le moyen de propulser l’engin à 12 000 km par heure. Après avoir recruté des hommes intrépides pour l’aventure, Avanti et son équipage s’envolent pour Mars, qu’ils rejoignent non sans difficultés. Ils y rencontrent un peuple pacifique, végétarien et haïssant la guerre. La fille du chef martien (Lilly Jacobsson) accepte alors de raccompagner les Terriens sur leur planète pour y délivrer un message de paix.

Le film avait l’objet d’une critique dans la revue de Louis Delluc Cinéa.

CINÉA

Gunnar Tolnæs a un beau nom ; il est beau comme son nom ; et on se le représente bien, debout à l’arrière du Long Serpent et entrant, à la suite de Harald aux blonds cheveux, dans la sanglante mêlée de Hafrfirth, ou encore, découvreur d’un monde, débarquant avec Snorri Thorbrandson sur les grèves merveilleuses de Furdhurstrandhir . On le voit aussi rarement dans son hall enfumé quelque blonde princesse du Nord qui, un peu lourde et grave, tendu, fière et timide, s’appuie à son bras, évoquant les beaux couples des légendes Nordiques, Gunnlaud et Holga, Nial et Bergthora… Il y a quelque chose de tout cela dans ce film, sauf que le draken devient un aéroplane qui traverse l’éther, et que les grèves merveilleuses sont celles de la Planète Mars, où habitent des peuples doux et pacifistes, végétariens et antialcooliques, et de blondes Gretchen dont l’une retourna avec le héros à son foyer. La photographie est bonne. Il y a notamment un ogre extrêmement réussi.

Lionel Landry

Cinéa, n°23, 14 octobre 1921, p. 7-9.

Ce film fut adapté au cinéma par le producteur Ole Olsen d’après le roman éponyme, Himmelskibet de Sophus Michaëlis paru en 1914. Pariant sur de nombreux trucages et de très beaux éclairages, choisissant une photographie et une mise en scène donnant un sens puissant du grand spectacle – qui annonçait selon les spécialistes les efforts ultérieurs d’un Fritz Lang -, Ole Olsen avait investi financièrement sur ce projet distribué par la Nordisk Film Kompagni de Copenhague. On dit d’ailleurs que les cachets des artistes dépassaient les cent mille couronnes danoises, une somme  conséquente pour l’époque ! Néanmoins, le succès commercial ne répondit pas et la Nordisk perdait à cette époque son circuit des cinémas allemands, sur lequel elle installait sa puissance. Le film, tout comme son producteur et son réalisateur, furent quelque peu oubliés.

PARIS-LOUXOR accompagne la projection du film À quatorze millions de lieues de la Terre le 15 mai 2011 Au Limonaire (sur invitation), 18, Cité Bergère 75009 Paris. Copie DFI : 81 min. (DK – 1918 – 35 mm.) Noir et blanc – 6 Akter – 1 850 m. env. à 20 i./s. Le film sera également présenté au Festival d’Anères (13ème édition), avec le soutien de la SACEM et de la SPEDIDAM, piano : Roch Havet & voix : Khalid K. Vendredi 10 juin 2011 à 17h.

+ d’infos sur le site du Festival d’Anères et sur Cineconcert.fr

Pour celles et ceux qui ne pourront se rendre à ces projections, PARIS-LOUXOR organisera une séance d’À quartorze millions de lieues de la Terre inscrivez-vous dans l’onglet CONTACT/INFO.

Nos remerciements à Jacques Poitrat qui nous a fourni des informations sur ce film.


[1] Certainement en avant-première, pour découvrir le détail du programme de la soirée, cf. l’article Inauguration du Louxor : Demandez le programme !

[2] La Cinématographie Française, n°147, 27 août 1921, p. 83

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Laurent Albaret

Laurent Albaret est historien et directeur du Pôle numérique de Phil@poste. Habitant du 10e arrondissement, il est coordinateur des projets de PARIS-LOUXOR et membre du comité de rédaction de PARIS-LOUXOR.fr