En avril dernier, nous vous faisions découvrir en exclusivité le programme et le film projeté lors de l’inauguration du Louxor, le 6 octobre 1921. “A 14 millions de lieues de la Terre” (Himmelskibet / A Trip to Mars)[1] du réalisateur Danois Holger-Madsen. Une Ciné-fiction présentée pour la première fois à Paris le lundi 29 août 1921 à 14h. au Palais de la Mutualité (Salle du 1er étage) comme nous l’indique avec précision le n°147 de La Cinématographie Française (27 août 1921).
Pour le 90ème anniversaire du Louxor-Palais du cinéma (6 octobre 1921-2011), nous vous proposons en détail le programme de la soirée, les films et actualités Gaumont, à travers quelques coupures de presse de l’époque et un extrait de films.
“A 14 millions de lieues de la Terre” (Himmelskibet) de Holger-Madsen (1918)
Orchestre (20 musiciens + orgue électrique Abbey), sous la direction de M. Rémond[2].
Consultez les articles consacrés au film de l’inauguration du Louxor (ici), (là) ou encore (là)
Métempsycose (The Star Rover) de Edward Sloman (1920)
D’après le roman de Jack London (1915), Le vagabond des étoiles (The Star Rover)
Production : Frank Brockliss Pictures [et/ou C.E. Shurtleff Inc.]
Avec : Courtenay Foote (Willam Lodge / Dr. Hugh Standing), Thelma Percy (Faith Levering), Pomeroy Cannon (Walter Dastorg / Inspector Burns), T.D. Crittenden (James Dastorg / District Attorney), Jack Carlyle (Sergeant Andover), Chance Ward (Tubbs), Marcella Daly (Maizie)
Grande scène dramatique en 5 actes (1 350 m. Dist°. : Cinématographes Harry)
Présentation corpo[3]. : Samedi 20 août 1921[4], 10 h, Ciné Max Linder
Ce film intéressera surtout les adeptes du spiritisme (et ils sont nombreux !). Voici, brièvement, le scénario de cette bande tirée du roman de Jack London : William Lodge est accusé du meurtre de son adversaire politique, l’avocat James Dastorg, crime qu’il n’a pas commis. Le frère de la victime, Walter Dastorg inspecteur de police (entre nous, le mot brute lui conviendrait mieux) veut, à tout prix, faire avouer à Lodge le meurtre dont il est innocent. Walter fait subir à l’infortuné accusé la pendaison par les pouces. Une seconde fois, cette horrible torture est renouvelée et chaque fois, l’âme de William revit les événements précédant son arrestation. Par l’auto-suggestion, on découvre le coupable et tout fini bien…
Le scénario est bien découpé, l’intérêt ne languit pas et la mise en scène est excellente comme l’interprétation. Nous voyons des scène de café-concert qui sont admirablement réglées et dont nos metteurs en scène français feront bien de prendre de la graine !
Lucien Doublon
Ce que l’on verra prochainement / Cinémagazine, n° 38, 7 octobre 1921, p. 27 (Incl. Ph.)
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Gaumont-Actualités n° 41a
(200 m. env. Dist.° : Comptoir Ciné-Location Gaumont)
Présentation corpo. : Mardi 4 octobre 1921, 14 h30, Gaumont-Palace[5]
Ordre de diffusion et durée.
• FRANCE. Le Club des Cent visite les grands crus bordelais à Saint-Emilion.
(00:00:44)
• Le pilote français Kirsch a gagné la coupe d’aviation Deutsch de la Meurthe à la vitesse record de 278 km à l’heure. Le départ de Sadi-Lecointe. Sadi-Lecointe casse en plein vol son hélice, brise son appareil et se blesse. Tour à tour les pilotes Crakpa, italien, James Herbert, anglais, Lasne et Kirsch, français prennent le départ. L’appareil de Kirsch et le vainqueur de la coupe.
(00:01:13)
• PARIS, FRANCE. Le Général Pershing remet au Soldat français Inconnu la médaille d’honneur du Congrès américain. Le chef des armées américaines épingle la médaille. Le défilé des troupes.(00:01:08)
• ARRAS, NORD, PAS-DE-CALAIS, FRANCE. Une grande manifestation sportive organisée par la Fédération nationale des sociétés d’éducation physique et de préparation au service militaire s’est déroulée sous la présidence de Monsieur Lefebvre du Prey, ministre de l’Agriculture.
(00:01:55)
• VENDEE, SAINTE-HERMINE. Georges Clémenceau inaugure dans son pays sa propre statue.
(00:00:52)
• ITALIE. L’anniversaire de la percée du tunnel du Mont Cenis. Après avoir été reçues à Turin en présence de Sa Majesté Victor Emmanuel III, les autorités françaises conduites par Monsieur Paisant assistent à l’entrée du tunnel à la cérémonie commémorative.
(00:00:52)
• ROUMANIE. Le prince Carol préside à l’inauguration de l’Exposition de Bucarest.
(00:01:26)
• COPENHAGUE. Au retour de sa croisière au Groenland le roi du Danemark Christian X s’entretient avec l’ambassadeur de France.
(00:00:50)
• ANGLETERRE, GRANDE-BRETAGNE : Les phoques savants en partance pour l’Amérique s’entrainent à bord du bateau à la grande joie de l’équipage.
(00:00:33)
• ETATS-UNIS. Près de Chicago on découvre un certain nombre d’automobiles précipitées au fond d’un lac par leurs propriétaires qui s’étaient au préalable assurés contre le vol.
(00:00:35)
• Douglas Fairbanks et Mary Pickford à Paris.
(00:02:50)
• ETATS-UNIS, NEW JERSEY. Le paquebot « Leviathan » a manqué d’être détruit par un incendie qui a complètement dévasté les docks d’Haboken.
(00:00:41)
• Mode numéro 58. Nos grandes artistes. Mademoiselle Fernande Diamant de l’Opéra Comique lance la mode d’automne au bois. Une robe en drap ceinture basse en velours bleu. Un manteau cape en velours noir bordé de fourrure. Un chapeau original garni de broderie et coquillages.
(00:01:12)
• Pour les sept salles Gaumont. Les grandes épreuves automobiles. La course de côte de Gaillon. Darmont sur cyclecar « Morgan » se classe premier en escaladant la côte à l’allure vertigineuse de 100 km à l’heure. Artault sur « Voisin » grimpe Gaillon à près de 120 km à l’heure et fait le meilleur temps des voitures de tourisme.
(00:00:54)
• FRANCE. Le palais de la nouveauté, magasin Dufayel à Paris, qui est le palais du meuble vient d’organiser sa 2ème exposition de l’ameublement et de l’art décoratif. Quelques installations du home qui comprennent 95 stands avec figures. Installation du Palace Hôtel. Un coin de la section des agencements industriels.
(00:01:08)
• ALLEMAGNE. Le Général Pershing à Mayence.
(00:04:46)
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Pour un corset (Betty’s Green-Eyed Monster) de Arvid E. Gillstrom
Production : Muriel Ostriche Productions / Arrow Film Corporation
Avec : Muriel Ostriche (la jeune femme), Barbara Sabin[6].
Comédie fine en deux parties. (685 m. Dist.° : Select Distribution)
Présentation corpo. : Lundi 22 aout 1921, 9 h. 45, Cinéma Sélect.[7]
Pour un corset, est une comédie gaie, jouée avec légèreté et qui ne manque pas de qualités comiques. Le mouvement est rapide, le scénario est bien découpé et, de l’ensemble, se dégage une note très amusante. Ce film qu’interprétait Betty Green Eyes, a beaucoup plu au public. Il est vrai que ce genre de films est rarement bien réalisé et nous n’avons pas trouvé, en France, la clef de ce problème.
Lui… sur des roulettes
(Don’t Shove[8] [Poussez pas !]) d’Alfred J. Goulding [& Hal Roach] (1919)
Production : Rolin Films (Hal Roach)
Avec : Harold Lloyd (Le garçon), Bebe Daniels (La fille), Bud Jamison (Un soupirant), Gus Leonard (Un autre soupirant), Dee Lampton (Un gros patineur), Noah Young (Le dur ‘‘pleurnicheur’’), “Little” Sammy Brooks (l’invité de la réception), Lige Cromley, Marie Mosquini, James Parrott, Fred Newmeyer, Wallace Howe, E.J. Ritter, Chase Thorne, George Marks, H.L. O’Connor, M.A. Laswell, Estelle Harrison, Orland Bush, Leona fay, Gladys Leslie, Ethel Erwin, Catherine Surtees, Dorothy Terry.
Comique. (235 m. Dist.° : Pathé-Consortium-Cinéma)
Présentation corpo. : Mercredi 31 août 1921, 9 h. 30, Palais de la Mutualité[9]
Lui, sur les roulettes, est une fantaisie comique dans laquelle Harold Lloyd dépense le meilleur de son talent. Tout le monde connaît l’homme aux lunettes d’écaille dont on rencontre quelques sosies sur le pavé parisien, et qui fait la joie de toutes les salles de cinéma. C’est l’anniversaire de Bebe. Harold et ses rivaux vont se confronter pendant la fête, il sera mis dehors. Plus tard, tout le monde se retrouve à la patinoire chaussé de patins à roulettes où est organisée une course d’obstacles. Malgré sa maladresse, Harold va la gagner, avec en prime le coeur de Bebe.
NOTES : Dans ce court métrage ‘‘Snub’’ Pollard n’apparaît pas. Lloyd montrera dans ‘‘Don’t Shove’’, un minimum de grâce sur les patins à roulettes, le rôle l’exigeait et c’était voulu. Sa réputation d’athlète né, n’en fut pas entachée. Loin s‘en faut, et il fallait qu’il fut un excellent patineur pour paraître si maladroit devant la caméra[10].
Merci à l’ami Jacques Poitrat.
[1] Alias 400 Million Miles From Earth (1918), Der Himmelschiff, The Airship (1918), Fourteen Million Leagues From Earth (1918), A Ship to Heaven, Heaven Ship (1918), Sky Ship (1918)
[2] A ce sujet, lire l’article de Jean-Jacques Meusy “Lorsque l’orgue s’invita au cinéma” (ici) http://1895.revues.org/pdf/219
[3] Présentation aux professionnels
[4] La Cinématographie Française, n° 145, 13 août 1921, p. 72 + [PUB] n. p. [p. 20-21]
[5] La Cinématographie Française, n° 152, 1er octobre 1921, p. 83
[6] Q. David Bowers, Muriel Ostriche, princess of Silent Films © 1987 The Vestal Press, Ltd, Vestal, NY 13 850, p. 199.
[7] La Cinématographie Française, n° 146, 20 août 1921, p. 74.
[8] 4 août 1919 ; LU 14025
[9] La Cinématographie Française, n° 147, 27 août 1921, p. 83
[10] Georges d’Acunto (Université de Metz), Filmo. Harold Lloyd