Rendez-vous est donné dans la fraîcheur matinale du printemps hivernal. En traversant le carrefour Barbès, la première chose que l’on remarque c’est une disparition, celle du kiosque à journaux situé au pied du métro. Fermé depuis quelques années, il ne reste que quelques traces, l’ombre d’une dalle de béton que foulent innocemment les passants, plus de presse à Barbès, exit la “Place Jean-Michel”, repère bien connu des premiers arrivants à la Goutte d’or. Du métro au Louxor, il n’y a que quelques pas, l’accueil y est sympathique, trois étages à gravir dans un Palais du cinéma silencieux avant que ne commencent les premières séances, trois films sont ce jour-là à l’affiche, deux fictions “Borgo”, “LaRoy” et un documentaire “Apolonia, Apolonia”.
Rien ne change en apparence, le Louxor est toujours en place, solidement amarré, il tient contre vents et marées, la salle municipale maintient son rythme de croisière, une aubaine pour le quartier, Paris et ses habitants. L’heure est toutefois au changement. Il y a quelques semaines de cela, son directeur, Emmanuel Papillon, après dix années passées à la direction de la salle emblématique (et bien d’autres auparavant au cinéma Jacques Tati de Tremblay en France et comme directeur de la section exploitation de la FEMIS), a quitté le Louxor pour une presque-retraite bien méritée avant de s’envoler vers d’autres horizons cinématographiques. L’occasion pour nous de saluer le travail réalisé et de le remercier sincèrement pour ces années de compagnonnage, d’écoute et de soutien.
Pour le remplacer, une jeune directrice vient d’être nommée, Manon Desseauve a repris la barre du Louxor, son objectif, poursuivre le travail accompli en imprimant sa personnalité, ses envies et son désir d’un travail en commun, son crédo, l’intelligence collective, qui n’est pas sans rappeler l’aphorisme du « Guépard » : “Il faut que tout change pour que rien ne change.” (1)
Rencontre autour d’un café pour faire connaissance, parler de cinéma, d’exploitation et du Louxor évidemment.
Si l’on connaît bien le Louxor, on ne vous connaît pas encore, pourriez-vous nous parler de votre parcours, comment êtes-vous venue au cinéma ?
Cela remonte à mon enfance, le cinéma a toujours été présent, je viens d’une famille assez cinéphile au sein de laquelle j’avais beaucoup de VHS à disposition. J’ai commencé avec les Disney, puis j’ai eu quelques obsessions, des points de fixation sur certains films, comme peuvent en avoir les enfants, l’un des premiers dont je me souviens est “Les Dix Commandements” (1956) de Cecil B. DeMille, j’avais une véritable passion pour ce film, rétrospectivement je comprends cet intérêt, une belle et grande histoire, de belles couleurs, un film spectaculaire, également “Erin Brockovich, seule contre tous” (2000) que j’ai longtemps regardé en boucle, ce film m’a particulièrement marquée au point de l’attribuer en deuxième prénom à mon fille ! (rires).
Au lycée, je me suis lié avec une bande d’amis cinéphiles, nous avions pour bible le livre édité par les Cahiers du cinéma “100 films pour une cinémathèque idéale” de Claude-Jean Philippe, nous biffions chaque film vu. Durant cette période, j’ai créé le site internet d’une salle de cinéma fictive “Le Memphis”, j’y présentais des cycles et des articles critiques ! Par la suite, à la fac, j’ai rédigé un mémoire sur la programmation du Louxor (déjà!) à l’époque où la salle était un cinéma de troisième exclusivité, de la fin des années 60 aux années 80.
J’ai alors souhaité vivre de cette passion pour les films, les salles, et travailler pour le cinéma, j’ai eu l’opportunité de rejoindre l’équipe chargée du marketing de la plateforme de vidéo à la demande spécialisée dans le cinéma indépendant, UniversCiné. Il s’agissait d’un travail de programmation et de promotion à partir d’un catalogue de 3 000 films, le tout réalisé en partenariat avec des festivals. Le premier cycle sur lequel j’ai travaillé était sur le Mumblecore, un courant du cinéma américain indépendant, des films à très petits budgets tournés essentiellement en numérique. Au bout d’un moment, j’ai eu ce désir de sortir des écrans pour aller à la rencontre du public, car c’est ce qui me manquait le plus, j’ai alors créé avec ma bande du lycée un festival du cinéma philippin à Paris, l’année de la sortie de Ma’ Rosa de Brillante Mendoza (2016). C’est à ce moment-là que je me suis dit, c’est vraiment ce que j’ai envie de faire, car au-delà des projections, ce sont les interséances qui m’intéressaient le plus, les interactions, les échanges avec les spectateurs et les réalisateurs. Tout est devenu très cohérent pour moi.
En parallèle, j’ai préparé le concours de la FEMIS que j’ai totalement raté à l’oral ! Mais j’ai eu la chance d’être contactée par la suite par l’un des membres du jury qui m’a proposé un emploi chez CGR (groupe d’exploitation cinématographique NDLR) dont la spécialité n’était pas l’art et essai mais le groupe venait d’acquérir plusieurs petites salles pour lesquelles ils cherchaient des personnes compétentes pour assurer la programmation art et essai. Je suis alors partie m’occuper du Dragon (ex Olympia), une salle historique de La Rochelle, puis d’un multiplexe de douze salles à Beauvais, qui avait notamment les trois labels art et essai. Ce qui m’a permis d’intégrer différentes configurations, en termes de types de public, de milieux sociaux dans des espaces géographiques très distincts. J’ai ensuite rejoint le 7 Batignolles quelques mois après son ouverture, en 2019, dont la particularité était d’être situé dans un tout nouveau quartier du 17e arrondissement de Paris. Outre le fait que ce cinéma devait trouver son public, la salle était un véritable poumon, un élément essentiel du quartier, un lieu de vie où les gens se retrouvaient. C’était une expérience très enrichissante, c’est aujourd’hui un cinéma qui fonctionne bien et je m’en réjouis ! Je m’étais fixée pour objectif de consolider un socle d’habitués avant de me lancer dans des programmations plus audacieuses, à la réflexion, j’aurais pu aller plus loin dans mes choix car les habitués étaient prêts à me suivre, c’est ce que j’ai constaté avant mon départ en voyant des salles quasi pleines sur des films plus confidentiels. J’ai ensuite postulé pour prendre la direction du Louxor.
Des 7 Batignolles au Louxor, vous avez noté une différence dans l’exercice de votre fonction ?
Le 7 Batignolles a eu quelques difficultés au démarrage en raison de sa situation géographique, il a fallu tout construire ex nihilo. Au Louxor, c’est génial, le public était déjà là, avant même son ouverture et il est toujours au rendez-vous. Le premier dimanche de ma prise de fonction, nous avons projeté “Le Comédien” (1947) qui n’est pas le film le plus connu et le plus porteur de Sacha Guitry, c’était complet un dimanche matin, quelle bonne surprise ! On a également sorti un documentaire, actuellement à l’affiche, “Apolonia, Apolonia”, il a très bien marché aussi. C’est dû à la fois à la situation du Louxor qui n’a pas une concurrence directe et très forte mais également à l’investissement de l’équipe qui, durant dix ans, a entrepris un travail de programmation et de communication très riche ce qui a permis de consolider la fréquentation avec un public d’habitués très fidèle qui est plus jeune que dans la plupart des salles art et essai parisiennes.
On parle aujourd’hui “d’expériences” qui dépassent la simple projection, par la qualité technique, le son, l’image, le confort, mais aussi les différentes interactions que l’on peut mener avec le public, en outre, l’un des premiers critères de choix du cinéma est la proximité, selon une récente étude du CNC en 2023, 82,6 % des spectateurs qui vont au cinéma viennent de leur domicile. Comment le Louxor et le 7 Batignolles s’inscrivent-ils dans ce mouvement de “dépassement” et de proximité visant à renforcer l’expérience collective ?
Le 7 Batignolles doit notamment son succès à son caractère hybride, c’est une salle ouverte sur le quartier, c’est un lieu de vie à part entière, disposant d’une technique son et image à la pointe. Au Louxor, nous avons une particularité qui est notamment de proposer une programmation de films du patrimoine ainsi que de films en direction des jeunes publics. Les films du patrimoine sont très prisés ce qui nous permet d’intéresser une population qui dépasse le périmètre immédiat du carrefour Barbès. Pour ce qui est du constat relatif à la proximité, les spectateurs viennent des environs, on le constate pour les sorties nationales, c’est d’abord un enjeu de quartier, mais c’est le cas pour tous les cinémas ancrés dans les quartiers, ce qui est quelque peu différent pour les salles en région se trouvant hors de la ville. Au Louxor, on vient de tout Paris pour voir notre ciné-club du dimanche matin. Si les gens viennent voir des films non loin de leur domicile, ils se déplacent plus aisément dès lors qu’il s’agit d’une programmation spécifique. Si nous avions six salles au Louxor on pourrait en consacrer qu’une seule salle aux films du patrimoine et ça fonctionnerait ! Nous allons programmer prochainement un cycle consacré à David Lynch puis à Joseph L. Mankiewicz. Nous venons de terminer une rétrospective Jacques Demy, un véritable carton !
Pour l’anecdote, « Les Demoiselles de Rochefort » est le film de la toute première projection publique du “nouveau” Louxor, quelques semaines avant son ouverture, notre association l’a organisée à l’invitation de l’équipe du Louxor afin de remercier les habitants, les associations, les acteurs culturels et l’ensemble des soutiens de la préfiguration, les places ont été prises d’assaut, en deux heures tout était complet ! Par ailleurs, “La chanson des jumelles” est le titre choisi par Emmanuel Papillon lors de son pot de départ en musique et en chanson !
Cela ne m’étonne pas ! La boucle est bouclée ! Pour “Les Parapluies de Cherbourg” (1964) nous avons affiché complet un dimanche matin ! C’est le premier cycle que j’ai introduit, c’était un réel plaisir de commencer avec Jacques Demy, c’est vraiment mon cinéaste de cœur !
D’ailleurs, Emmanuel Papillon évoquait lors de cette joyeuse réunion de départ les cinéastes de son “Panthéon”, quels sont les vôtres ?
Jacques Demy que je viens de citer, fait partie des “cinéastes de ma vie”, je pense à l’un de mes films préférés, “La Nuit du chasseur” (1955) de Charles Laughton, c’est d’ailleurs un film qui beaucoup inspiré le cinéma, dont on retrouve beaucoup de références, à l’enfance, à la nature, au fantastique. Plusieurs films me ramènent à “La Nuit”. je pense à des films de genre comme “Les Innocents” (1961) de Jack Clayton, “L’enfant miroir” (1990) de Philip Riddley. J’ai été très marquée par “The Host” (2006) de Bong Joon Ho, dont j’ai toujours suivi avec beaucoup d’intérêt la carrière, j’ai beaucoup aimé “Le Parrain” (1972) de Francis Ford Coppola, je pense également à “Oasis” (2002) de Lee Chang-Dong qui m’a particulièrement émue tout comme le film d’animation de Disney “Vice-versa” de Pete Docter (2015) (rires) ! Mon moteur c’est avant tout l’émotion dans le cinéma.
On a coutume de dire, lorsque l’on traverse différentes crises, que tenir c’est réussir, les salles de cinéma ont vécu la multiplication des écrans, l’avènement de la télévision, les VHS, les DVD, la VOD etc. et récemment la crise sanitaire etc. Pour rester à flot, elles doivent s’adapter et prendre en compte les nouveaux modes d’accès aux images, proposer plus que du cinéma…
C’est l’histoire des différentes vagues de concurrence, quand le Louxor s’est mis à faire des séances en troisième exclusivité, il a fait face à la toute puissance de la télé, comme ce fut le cas pour les différentes salles du quartier, je pense notamment à celles allant de la place de Clichy jusqu’à Barbès, elles étaient toutes dotées d’un seul écran, elles n’ont pas réussies à s’adapter et ont finalement baissé le rideau. Aujourd’hui on est face à une nouvelle vague de “l’expérience cinéma”, les gens sont de mieux en mieux équipés chez eux, on peut aujourd’hui regarder un film chez soi dans d’excellentes conditions, c’est pour cette raison que la notion d’expérience est importante, créer un moment que l’on ne peut reproduire chez soi, soit la possibilité qu’offrent les salles de projeter des films dans une qualité d’image et de son exceptionnelle, avec des fauteuils encore plus confortables.
L’autre élément, c’est l’expérience collective, le fait de vivre une séance de cinéma, un film, ensemble. J’ai le sentiment que l’on est en train de vivre actuellement un moment particulièrement intéressant, notamment pour les cinémas art et essai, c’est le positionnement des grands groupes sur le Premium, soit la proposition d’une expérience technique très forte, souvent à un tarif très élevé. Personnellement, j’aime particulièrement le Dolby Atmos, et je regrette qu’il n’y ait pas plus de films art et essai avec ce son-là, on a un véritable sentiment d’immersivité, c’est pour moi un grand vecteur d’émotion du cinéma. Il est important que les cinémas art et essai soient bien équipés mais il est surtout essentiel qu’ils se positionnent comme des vrais lieux de vie, en mettant l’humain au centre. Lorsque l’on va dans une grande salle de circuit, il n’y a plus de gens dans le hall, c’est un choix, et il est regrettable qu’on n’y discute plus. Il y a une complémentarité de l’offre, et cette différence doit permettre aux cinémas art et essai de proposer un contrepoint à l’offre des groupes d’exploitation. Les spectateurs du Louxor sont sensibles à la qualité de projection mais souhaitent avant tout une expérience plus “humaine”, plus de proximité. Au Louxor, nous avons également un bar, c’est un lieu de rencontre, on fait beaucoup de prescription, on accompagne les films avec des critiques, on présente les séances, lors des ciné-clubs, des avant-premières, on échange avec le public, il y a également les scolaires, c’est ainsi que le Louxor se différencie, par cette expérience humaine et collective, c’était déjà le cas avant que j’arrive.
Qu’est-ce qui va changer au Louxor sous votre direction ?
Je suis arrivée dans une salle qui fonctionne très bien, dont je jugeais déjà, avant mon arrivée, que la programmation était très qualitative, je n’ai pas l’intention de changer ce qui fonctionne très bien, je souhaite travailler dans la continuité de ce qu’a fait Emmanuel Papillon et l’équipe. La seule différence qui ne sera pas notable pour les spectateurs, c’est peut être dans la manière de travailler avec les équipes, sur le fonctionnement, la programmation etc. afin de faire émerger de nouvelles propositions, tout en conservant un travail sur le jeune public, le patrimoine, et de continuer à programmer des films que l’on aime et que l’on défend.
Le Louxor c’est aussi une équipe, pouvez-vous nous présenter son organisation ?
Je suis ravie que vous me posiez cette question car il y a beaucoup de personnes de l’ombre. Il y a Stéphanie Hanna, mon adjointe, qui a longtemps travaillé sur la communication, je pense que le Louxor est l’un des cinémas qui communique le mieux, Stéphanie est aujourd’hui en charge des scolaires et depuis peu des séances du patrimoine. Ce qui est notable au Louxor c’est le fait que l’équipe actuellement en place est là depuis le début, depuis dix ans, y compris les agents d’accueil, quand j’évoquais le travail en commun, par exemple Morgane Toudic qui est assistante de direction, travaille également sur la programmation “jeune public” et la communication. Benjamin Gallet, qui était agent d’accueil à l’origine est désormais “responsable hall”, avec lequel on discute notamment de la programmation, il y a également Sabine qui est à l’accueil que vous avez connu avant l’ouverture du Louxor comme agent de sûreté du chantier, il y a également Lily, Antoine, une équipe de projectionniste, c’est un cinéma qui tourne grâce à une équipe engagée, c’est pour cette raison que ma prise de poste se passe aussi bien, car elle est compétente, constructive et bienveillante. Il y a bien évidemment le bar, avec l’équipe de Loan. C’est un métier très différent de celui d’exploitant, il est important de s’appuyer sur son expertise et son expérience.
Un des enjeux majeurs des lieux culturels est la réduction des coûts énergétiques et des émissions de Co2, c’est une question sur laquelle vous vous êtes engagée ?
Oui, j’y attache une importance particulière, pour revenir sur la question de la proximité, pour aller au cinéma, on se déplace à pied, à vélo ou en transport en commun, on prend rarement son véhicule personnel, le cinéma est une activité qui a un impact réel sur la réduction des émissions de CO2. Pour ce qui est de la consommation d’énergie, un poste important est la climatisation et le chauffage, notamment pour les projecteurs qui chauffent et qu’il faut refroidir, il est important de trouver des solutions afin de réduire cette consommation qui pèse sur l’économie des salles.
Qu’est ce qu’il manque aujourd’hui au Louxor ?
Ah ! Il manque trois salles ! Et je rêve d’une passerelle transparente qui enjamberait le métro pour rejoindre le bâtiment de Tati, ce serait cocasse quand on sait que le Louxor appartenait à Tati (rires) ! Plus sérieusement, nous allons maintenir et développer les relations avec les associations, les acteurs culturels, les mairies bien sûr, nous sommes dans la continuité de l’existant, nous allons organiser prochainement une projection avec les “Enfants de la Goutte d’or” autour d’un film sur le sport qui a été tourné dans le quartier. C’est très important pour nous, il y a un véritable enjeu de quartier, travailler avec les différents acteurs culturels, les lieux, les associations… J’ai participé il y a quelques temps au projet Futura Cinéma, un incubateur de projets innovants relatif aux salles de cinéma pour lequel j’ai notamment travaillé sur le projet “passerelle”, soit comment dans tous les cinémas on fait appel à des intermédiaires sociaux nous permettant de toucher des publics “empêchés”, qui n’ont pas la possibilité d’aller voir des films. Très concrètement, à Beauvais, il y avait une personnalité du coin du nom de Fatiha, une fille incroyable, dès que j’avais une difficulté sur une projection, elle débarquait avec quarante jeunes ! Cela donnait des choses assez exceptionnelles, comme “La Dolce Vita” (1960) de Fellini présentée par Cédric Klapisch avec un public de personnes âgées et de petits jeunes du quartier.
C’est une transmission…
Oui, et ça a fonctionné même si certains sont partis, beaucoup sont restés, ce public là je ne l’aurais jamais touché si je n’avais pas eu une médiatrice. Cela se fait de manière artisanale, chaque personne a son propre réseau, mais c’est essentiel d’être en relation avec son environnement immédiat afin de toucher un public afin de les intéresser à l’art et essai. J’aime l’idée qu’ils aient des étoiles dans les yeux comme je les ai eues quand je voyais des films au lycée.
(1) : Pour reprendre les mots de Tancrède à Don Fabrizio issus du Guépard, le roman (1948) de Giuseppe Tomasi di Lampedusa adapté au cinéma en 1963 par Luchino Visconti.